Mi Corazon (French Edition) by Erika Boyer & Delinda Dane

Auteur:Erika Boyer & Delinda Dane [Boyer, Erika & Dane, Delinda]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Hugo Publishing
Publié: 2022-07-20T22:00:00+00:00

7

Arielle

Pourquoi est-ce qu’il faut toujours qu’il soit aussi désagréable ? Pourquoi est-ce que je fonds si facilement en larmes ? Pourquoi j’ai accepté de partir en week-end avec ce monstre ?

J’ai toujours trop de questions en tête, et dans le cœur, une douleur qui se réveille en quelques mots. Valentin a toujours les bons pour ça…

On est là depuis quelques heures seulement, et il a déjà trouvé le moyen de me faire pleurer. Dès notre accrochage, quand je lisais, j’ai envisagé de m’enfermer dans ma chambre toute la journée, mais je me suis refusé à me cacher d’un si beau soleil. Maintenant que je me retrouve à verser autant de larmes qu’il y a d’eau dans l’océan devant moi, je le regrette. J’ai été idiote. Je l’étais quand j’acceptais qu’il me tire les cheveux, enfant. Je l’étais quand j’ai voulu sortir avec lui, ado. Je le suis, adulte, de toujours avoir en moi l’espoir fou que cet homme puisse devenir plus humain.

Ma psy n’arrête pas de me dire qu’on ne peut pas se faire aimer de tout le monde, et elle a raison. Que je porte autant d’intérêt à un mec si cruel me dépasse…

Alors que je renifle une énième fois, je vois quelqu’un s’installer dans le sable à côté de moi. Bien sûr, c’est celui qui ne quitte jamais mon esprit et me torture à chaque instant. J’aimerais arrêter de pleurer pour ne pas lui faire le plaisir de me voir dans cet état, mais je n’y arrive pas. Ce que je parviens à faire, en revanche, c’est à me taire. Je ne lui donnerai pas de munitions pour m’attaquer.

— C’est bien que ça soit fini tous les deux, lâche-t-il soudain.

Même sans arme, il parvient à me mettre à terre.

— Sérieux ?! m’écrié-je. Tu veux continuer ? T’as envie de faire pire ? Laisse tomber…

— C’est pas ce que je voulais dire !

— Alors quoi ? Tu vas encore me dire que je suis trop bizarre pour être avec quelqu’un, que personne ne peut me supporter, que…

— Personne ne te mérite, me coupe-t-il.

J’écarquille les yeux. Je suis si surprise que mes larmes cessent de couler. Est-ce qu’il vient de dire un truc gentil ? J’imagine que c’est en préparation d’une réplique cinglante, alors je préfère le devancer :

— Tu veux dire que personne ne mérite d’avoir à me supporter ?

— L’inverse. Que tu ne devrais pas avoir à supporter les autres.

— Je dois bien te supporter, toi…

— Ça c’est parce que tu as la chance de m’avoir dans ta vie.

— À quel moment c’est une chance ?

— Dois-je vraiment te rappeler que, sans moi, tu aurais teint tes cheveux en noir, tu aurais fait des études ennuyeuses et tu n’aurais pas de doudou non plus ?

Les souvenirs me reviennent. La fois où on s’est moqué de mes cheveux roux et où j’ai demandé à ma mère d’en changer la couleur : Valentin a dit qu’il était dingue de la Petite Sirène avec ses cheveux rouges, et juste pour ça – et notre prénom commun –, j’ai eu l’impression que c’était de moi dont il était fou.

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